Analyses et discussion des résultats des pêches électriques

Les résultats et analyses ci-dessous sont extraits du mémoire de l’étude que la Fédération de Pêche du Pas de Calais a réalisée pour le compte du SmageAa.

Résultats du calcul de l’Indice Poisson de rivière

Stations et cours d’eau		Valeur de l’IPR	Classe de qualité associée
Nielles les Bléquin	Bléquin	9,167	2	Bonne
Fauquembergues	Aa	4,346	1	Excellente
Ouve Wirquin	Aa	6,764	1	Excellente
Lumbres	Aa	7,553	2	Bonne
Arques	Aa	1,508	1	Excellente

On constate que la note de l’indice poisson de rivière (IPR) varie de la classe de qualité bonne à excellente.

L’espèce repère en contexte salmonicole, la « truite fario », est recensée sur l’ensemble des sites d’études piscicoles, assurant ainsi un état de la qualité du peuplement piscicole satisfaisant.

Discussion

Au niveau du peuplement piscicole de Nielles-lès-Bléquin, l’indice met en évidence une densité totale d’individus élevée provenant d’un recrutement en 0+ de chabot exceptionnel. La richesse spécifique paraît limitante pour les stations d’études piscicoles de Fauquembergues, d’Ouve-Wirquin et de Lumbres. Il manque donc des espèces piscicoles naturellement présentes dans le milieu telles que des espèces accompagnatrices supplémentaires de la truite fario, comme le vairon, le goujon ou la loche franche.

Sur l’Aa, les résultats de l’échantillonnage par pêche à l’électricité mettent en évidence la présence de la truite fario et une composition du peuplement piscicole « conforme » à ce qu’on est supposé attendre d’après la typologie de Verneaux.

La présence d’espèces introduites (truite arc-en-ciel, carpe miroir) résulte de la pratique de rempoissonnement de nos AAPPMA locales et/ou issues de plans d’eau en relation permanente ou temporaire avec l’Aa.

La truite Fario

Suite aux échantillonnages par pêche électrique de septembre 2008, il a été constaté que la truite fario, espèce repère des rivières classées en contexte salmonicole, présente divers stades de développement (truitelles/adultes). Deux stations sont exemplaires pour leurs capacités à produire des juvéniles de l’année : Fauquembergues pour l’Aa et Nielles-lès-Bléquin pour le Bléquin, avec respectivement 63 et 66 truitelles. Cela signifie que leur production de juvénile permet au minimum de maintenir naturellement l’espèce dans le milieu aquatique, voire de repeupler les secteurs proches pour le Bléquin à Nielles-lès-Bléquin.

Les autres stations (Ouve-Wirquin, Lumbres, Arques) n’assurent pas une reproduction suffisante en truite fario, capable de saturer la capacité d’accueil en truite fario du dit site. Une des phases du cycle biologique de la truite fario (reproduction, éclosion, croissance) est donc sérieusement compromise par les différentes perturbations recensées sur le bassin versant de l’Aa. Cette espèce piscicole a des exigences écologiques très strictes en termes de reproduction, d’alimentation, d’habitat, de migration…

Le Chabot

En 2008, le chabot, espèce accompagnatrice de la truite fario est recensé à chaque station d’échantillonnage par pêche électrique. Cette espèce paraît très intéressante car elle constitue une proie recherchée par la truite fario. L’étude de la densité moyenne et de la structure des cohortes mettent en évidence une évolution longitudinale sur le bassin de l’Aa : la population de chabot apparaît de plus en plus fragilisée vers l’aval. La population de chabot paraît stable sur les stations de Nielles-lès-Bléquin et de Fauquembergues. Sur la station intermédiaire d’Ouve-Wirquin, la population de chabot semble « fragilisée » à cause d’une faible densité. Les critères déterminant l’état de la population de chabot mettent en évidence une population de chabot très fragilisée à Lumbres (faible recrutement et faible densité) et à Arques (faible densité et absence d’une cohorte).

L’Anguille

L’anguille est la seule espèce migratrice recensée sur le bassin de l’Aa. Sur le bassin de l’Aa, ses densités croissent de l’amont vers l’aval en relation étroite avec la présence de nombreux ouvrages infranchissables qui segmentent la rivière Aa et empêchent toute migration entre les zones aval et les zones amont. La station d’étude piscicole d’Arques affiche une forte densité avec 19,50 ind./100m². Pour les autres stations échantillonnées, la densité varie entre 0,75 et 3,90 ind./100m².

Les autres migrateurs

Dans l’état actuel, le potentiel de reproduction et d’accueil de l’Aa en terme de poisson migrateur semble limité. Au vu des données du réseau RHP, le bassin de la Hem, proche de celui de l’Aa, répertorie la truite de mer, la lamproie marine et la lamproie fluviatile. Il semble donc tout à fait envisageable, un jour, de trouver de telles espèces sur l’Aa et ses affluents suite à la restauration de la libre circulation. L’installation d’une passe à poisson sur le Moulin Snick sur la commune de Blendecques (en amont de la station d’étude piscicole d’Arques) en est le parfait exemple.

Conclusion

Suite aux actions de pêche de septembre 2008, il serait intéressant d’orienter les rempoissonnements en truite fario et truite arc-en-ciel de nos AAPPMA et l’alevinage de la Fédération 62 pour limiter l’impact sur les zones de reproduction fonctionnelles comme à Nielles-lès-Bléquin et à Fauquembergues ; et éviter ainsi de perturber l’interprétation de l’état de qualité piscicole intermédiaire et final suite à la mise en œuvre du plan de gestion sur l’Aa. Un décolmatage des radiers sur la station d’étude piscicole de Fauquembergues serait fort intéressant à mettre en œuvre, d’une part pour y maintenir la reproduction naturelle et, d’autre part, pour assurer un repeuplement spontané des secteurs avals comme sur le Bléquin à Nielles-lès-Bléquin.

Au final, l’état initial de septembre 2008 pose les bases de l’état de la qualité piscicole du bassin de l’Aa. Le Plan de Gestion de l’Aa et de ses affluents prévoit par la suite un suivi de l’évaluation écologique en 2011 et 2014, respectivement suivi intermédiaire et suivi final (fin des aménagements).